Charlotte 2024 : le bilan de la campagne législative 🗳️

1 mois jour pour jour après le premier tour des élections législatives le 30 juin dernier, je partage avec vous le bilan de ma campagne.

🌳 Commençons d’abord par replanter le décor !

Rappel des objectifs :

  • Faire exister le handicap et les sujets liés à la dépendance dans la campagne.
  • Gagner en légitimité pour porter une voix forte sur le sujet du handicap.
  • Permettre une meilleure représentativité de la diversité dans la vie politique.
  • Encourager l’émergence de candidatures atypiques.
  • Ne pas faire un score trop ridicule.

Rappel des conditions :

  • Une candidature sans étiquette et donc sans aucun soutien financier, opérationnel et médiatique d’un parti existant.
  • Une campagne éclair avec seulement 10 jours pour exister et percer.
  • Un contexte politique très tendu, constitué autour de trois blocs massifs (NFP, Renaissance, RN).
  • Une circonscription historiquement à gauche avec un député sortant LFI très bien implanté.
Affiche de campagne : Charlotte de Vilmorin et Alexandre Robinet Borgomano pour une société inclusive.

📆 Les grands temps de la campagne

  • le 9 juin : Macron annonce la dissolution
  • le 11 juin : avec ma directrice de campagne Pénélope, nous décidons de nous jeter à l’eau
  • le 12 juin : Nous embarquons Alexandre comme suppléant et nous apprenons que nous avons 24h pour envoyer à l’imprimeur toute la propagande électorale (bulletins de vote, tracts, affiches) afin de respecter la limite officielle qui impose que la préfecture ait reçu avant le mardi 18 à 18h pour le routage par courrier et dans les bureaux de vote.
  • le 13 juin : Nous créons un slogan, un site Internet, les tracts. Nous ouvrons un compte bancaire de campagne. Nous faisons un shooting photo avec Alexandre. Nous écrivons un programme.
  • le 14 juin : Nous allons déposer le dossier de candidature à la préfecture.
  • le 17 juin : Nous annonçons ma candidature sur Internet, et les premières retombées presse arrivent dans la foulée grâce au Parisien et au Point.
  • le 18 juin : Nous recevons les tracts et les affiches et commençons la campagne de terrain : tractage dans les rues et collage d’affiches dans tous les bureaux de vote.
  • du 18 au 26 juin : Pendant une semaine, nous ne faisons que tracter, matin midi et soir, dans le 13e et 14e arrondissement, à la rencontre des habitants du quartier.
  • le 27 juin : Nous organisons un pique-nique électoral au parc Montsouris.
  • le 28 juin : Dernier jour de tractage avant le silence républicain.
  • le 30 juin : Premier tour des élections, le député sortant est élu à la majorité. Nous apprenons que nous avons fait 1,25% avec 623 voix.

✍️ Le bilan des retombées

  • La campagne a été largement visible dans les médias, surtout presse écrite et médias en ligne ! Il s’agit même de la campagne sans étiquette la plus relayée avec un article par jour pendant 10 jours ! Le Parisien, le Point, La Croix, Handicap.fr, la Vie, ELLE, Loopsider, les Echos. Nous n’avons malheureusement pas pu faire de TV, parce que nous avons appris que pour respecter la pluralité politique, si l’on donnait la parole à un candidat, tous les candidats de la circonscription devaient aussi avoir un temps de parole accordée. Les chaînes de TV se sont donc concentrées majoritairement sur les candidats ténors.
  • Notre campagne s’est beaucoup jouée sur les réseaux sociaux, nous avons dépassé les 500 000 vues. Une belle performance, mais pas forcément très efficace pour une élection aussi locale.
  • Le tractage a clairement eu un gros impact sur les résultats, et le fait de rencontrer les électeurs et d’ouvrir le dialogue nous a permis d’obtenir de bien meilleurs scores dans les bureaux de vote avoisinants, par opposition aux quartiers où nous avons moins eu l’occasion d’aller.
  • Je retiens particulièrement un édito de La Croix que nous avons découvert une semaine après sa parution, mais qui nous a donné un énorme coup de boost !
« Sur un point au moins, tous les observateurs s’accordent.
Le macronisme, qui promettait de réconcilier les Français avec la politique, a échoué. Signe qui ne trompe pas. l’apparition de manifestations qu’on pourrait qualifier de préventives contre l’arrivée possible au pouvoir du parti de Jordan Bardella. Ou bien cette petite voix, certes plus discrète que l’étoile de 2017 mais qu’on aurait tort de négliger, qui porte l’estocade: Charlotte de Vilmorin. Candidate en fauteuil roulant, au nom du monde du handicap et des liens humains, elle s’engage sans étiquette: «Je ne voulais pas alimenter les clivages, qui sont très forts dans cette campagne, et je voulais parler au plus grand nombre. » C’est bien cela l’essentiel en effet et la clé de l’avenir. »

💪 Les points forts de la campagne

  • Une candidature sans étiquette a permis de dépasser les clivages politiques très forts, et de parler au plus grand nombre.
  • Mon profil atypique pour la politique trouvait un écho chez les électeurs qui ne se reconnaissaient pas ou plus dans le paysage actuel, chez les personnes qui ne se sentent pas écoutées, et qui sont sensibles à la diversité.
  • Le sujet de la dépendance est un sujet qui touche massivement de très nombreuses familles, que ce soit à cause du handicap, du grand âge, ou du nombre d’aidants (professionnels ou dans le cadre personnel). Nous avons beau être sensibilisés, cela nous a vraiment sauté aux yeux.

👎 Les points faibles de la campagne

  • Une candidature sans étiquette, c’est aussi à double tranchant, a fortiori dans une élection aussi politique et particulière que celle-ci, avec une logique d’opposition de blocs très forte. Nous partions de zéro et avions très peu de chances de véritablement percer. Trop peu de partis ont donné d’investitures à des candidats en situation de handicap.
  • Une campagne trop courte pour véritablement travailler le programme et pour permettre d’organiser des manifestations publiques.
  • Un manque de moyens humains pour mieux quadriller la circonscription, et davantage tracter pour rencontrer les électeurs.

❤️ Nos moments coups de coeur

  • Le dépôt de la candidature à la préfecture où nous nous sommes retrouvés avec de nombreuses femmes et hommes politiques de tous horizons, qui ont littéralement halluciné de me voir ici, avec mon fauteuil et mon chien, sans parti pour m’aider à me frayer un chemin dans la jungle. Rien que ça, c’était déjà une opération de sensibilisation extrêmement efficace.
  • La rencontre de plusieurs électeurs dans la rue qui ont permis des moments très riches en émotions : je pense notamment à une maman d’un enfant handicapé chez qui ma candidature a sûrement allumé une petite étincelle d’espoir pour l’avenir de son fils. Ou un monsieur qui avait travaillé pendant des années dans un ESAT, et qui nous alertait sur le sujet de la maltraitance.
  • Des réactions parfois un peu WTF, mais qui resteront dans les annales : un monsieur, qui m’a pris la main avec beaucoup de compassion, en me disant « et ben c’est bien, l’espoir fait vivre ». Une dame très agacée qui nous a répondu en hurlant : « Ça suffit ! J’ai déjà donné ! Il y en a marre des handicapés ! ». Un échange sanglant entre Alexandre et un jeune passant, qui nous rétorquait : “La diversité c’est un truc de gauche?” (Réponse d’Alexandre : “Et le respect c’est un truc de droite?”).
  • La réaction des enfants qui trouvait ça super cool et courageux d’oser se présenter en politique (et d’ailleurs ça a été l’occasion de sensibiliser à l’importance de l’engagement, et parfois aussi tout simplement d’expliquer comment fonctionnent les institutions). Il faut dire que faire campagne avec un chien, ça aide pour capter l’attention des enfants !
  • Le handicap a finalement été abordé dans le dernier débat télévisé ! Alors les candidats n’avaient pas grand-chose à dire de concret (à part la mesure-phare chère au gouvernement actuel sur le remboursement des fauteuils, mais qui pose de graves problèmes en l’état). Mais au moins le handicap a un peu existé dans cette campagne !
Un groupe d'électeurs réunis dans un parc

🤔 Et maintenant ?

Une chose est sûre : face aux défis actuels, nous avons plus que jamais besoin de diversité pour protéger la voix des personnes les plus fragiles qui ne sont pas représentées, et pas suffisamment entendues dans notre vie politique.

Nous réfléchissons à la forme que va prendre la suite de cette aventure maintenant que les élections sont passées, car hors de question que ce soit un coup d’épée dans l’eau et de s’arrêter là ! La voix du handicap doit continuer d’être portée et entendue ! Comment ? Par qui ? On réfléchit !

  • Je compte sur toutes les députés que nous avons rencontrés et qui sont maintenant élus pour ne pas oublier que le handicap et plus généralement la dépendance concernent tous les pans de notre société : travail, éducation, santé, transport, logement… Mais que c’est un sujet complexe qui mérite de prendre le temps de rencontrer l’ensemble des acteurs du terrain !
  • J’entends bien continuer de défendre les principales idées qui me sont particulièrement chères :
    • L’organisation d’une convention citoyenne sur la dépendance, permettant de rassembler des personnes en situation de handicap, des personnes âgées, des aidants, et des personnes qui ne sont pas concernées par le sujet. Il faut sourcer les besoins concrets et écouter la société civile.
    • La création d’un crédit d’impôt sur la recherche en accessibilité universelle pour inciter les entreprises à prendre en compte les sujets de l’accessibilité et de l’inclusion dans leur processus d’innovation.
    • Le remboursement de TOUS les fauteuils roulants, sans logique de prix plafonds, pour ne pas exclure du dispositif les handicaps les plus lourds.

N’hésitez pas à participer à notre réflexion en m’écrivant sur les réseaux sociaux !

Et encore un immense merci à mon incroyable équipe de QG (Pénélope, Alexandre, Erwan et tous les autres !) mais aussi à toutes les personnes qui ont relayé ma campagne, toutes celles qui ont voté pour moi, et toutes celles qui continuent de participer à la réflexion pour une démocratie plus inclusive !

Charlotte, et sa directrice de campagne, Penelope, à la terrasse d'un café.

One thought on “Charlotte 2024 : le bilan de la campagne législative 🗳️

  1. Maman de deux personnes handicapées mentales adultes ENFIN pris en charge après 5 ans de recherches acharnées. Un parti animaliste existe. Pourquoi ne nous unissons-nous pas,tous handicaps confondus, pour porter la voix de ceux qu’on refuse de considérer comme des êtres humains ? Si vous fondez un parti politique, n’oubliez pas les handicapés mentaux et psychiques . Et faites moi signe : je suis aussi catholique .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *