Je vais bien ne t’en fais pas

Il y a quelques jours, la Française des Jeux m’a proposé de réfléchir à ma vision de la seconde chance dans le cadre du programme Questions de Chance qui vise à étudier la chance et son utilité sociale. Je refuse toujours les articles sponsorisés, car ce n’est pas ce qui m’intéresse dans le fait de tenir un blog, je préfère bien plus écrire quand je veux, sur ce que je veux, et me moquer de qui je veux 😉

Et puis pour être honnête, d’habitude on me demande de faire de la pub pour du matériel médical, ou pour des montes-escaliers, donc le choix est vite pris, plutôt crever que de faire de la pub pour des couches.

Mais cette-fois ci le sujet m’a particulièrement interpellée, parce que je me suis dit « Mais quelle seconde chance ? D’où les gens se permettent de penser que je connais bien le sujet ? ». En fait, je trouvais ça presque vexant, parce que pour moi seconde chance = échec et rebond. Et quel échec je vous le demande ?

Aaaah vous voulez parler de mon handicap ! D’accord, je vois… Mais on va peut-être pas parler d’échec si ? Parce que c’est pas hyper sympa quand même, ni très juste d’ailleurs… Ne préféreriez-vous pas le terme (ô combien galvaudé) d’épreuve ?

L’année dernière, j’étais justement invitée comme intervenante à une table ronde sur comment réagir face aux épreuves. Et c’est une histoire assez marrante, parce qu’on était trois sur scène : un psychiatre, et deux témoins : la première, Peggy Bouchet, première femme à avoir traversé l’Atlantique à la rame, et qui a failli ne pas s’en sortir, et est restée en survie pendant plus de 9h après avoir fait naufrage et a finalement été sauvée in extremis, et la seconde… MOI. Hahaha.

Genre la nana est une warrior qui a failli mourir et a bravé les éléments déchainés en plein océan, et en face, qui on met pour faire le poids ? Moi. Et ça ne semblait choquer personne, à part ? Moi.

Imaginez un peu la scène :

Alors pourquoi ? 

Questions de chance, questions de point de vue.

Je comprends bien que d’un point de vue extérieur, ma vie a l’air galère, plus compliquée (bah oui c’est vrai, je pourrai jamais faire de trampoline quoi ! c’est pas malheureux ça ?). Mais en fait, le truc c’est que ma vie c’est ma vie (prix nobel de philosophie et de littérature, je sais), et aussi bizarre que cela puisse paraitre, bah je l’aime bien parce que je n’en ai pas d’autre sous le coude.

On me demande souvent d’intervenir sur des sujets un peu « inspirants », comme les épreuves donc, mais aussi le succès, les obstacles, la résilience, la chance etc. Et je le fais du mieux que je peux et avec beaucoup de gratitude, parce que je sais que j’ai de la chance d’être écoutée alors qu’on pourrait faire parler des tas d’autres gens plus méritants que moi.

Mais en toute honnêteté… est-ce qu’on s’intéresserait autant à mon parcours (bien ordinaire en fait) si je n’étais pas en fauteuil ? Je ne crois pas… Quelque part ma chance, c’est mon handicap. Parce que c’est ce qui m’a poussée à me bouger les fesses pour le dépasser, et à faire des projets.

Sans lui, je n’aurais jamais créé ce blog, je n’aurais peut-être pas publié de livre, je n’aurais jamais rencontré mon associé (que j’ai rencontré sur ce même blog), je n’aurais peut-être pas eu envie d’entreprendre.

En fait les gens se trompent… Ils ne veulent pas parler d’épreuves, mais de ma chance ! 🙂 Si si je vous assure !

La seconde chance, c’est loin d’être un truc de repris de justice. Ça concerne tout le monde, dans la vie de tous les jours, parce que la seconde chance c’est avancer.

Et c’est marrant quand on sait que le mot « chance » vient du latin « cadere » qui veut dire « tomber ». Quand on tombe qu’est-ce qu’on fait ? Et bah on se relève ma ptite dame.

On se relève. Et on avance.

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