Il y a un peu plus d’un an, après huit ans de bons et loyaux services pendant lesquels j’ai lancé puis dirigé Wheeliz, j’ai fini par confier les rênes de mon bébé (🤔 chelou comme expression, j’ai dû en mélanger deux ?) à APF France handicap.
Avec un peu de recul je vous révèle aujourd’hui le TOP 3 du pire et du meilleur que j’ai vécu pendant ces années d’entrepreneuriat !
LE TOP DU PIRE 💩
1/ La plus grosse honte DE MA VIE devant mes salariés.
Les amis, j’ai vécu des situations gênantes dans ma vie, croyez-moi, mais des comme ça… 🙈
Quand j’ai créé la boîte, j’ai agi en bonne mère de famille économe et j’ai récupéré tous les vieux cahiers presque pas écrits qui trainaient chez moi depuis des années pour en faire des fournitures de bureau. Genre le vieux cahier à spiral Clairefontaine d’espagnol LV2 de 2nde où t’as écrit que 11 pages sur 100. En prenant bien soin d’arracher toutes les pages écrites, quand même, un minimum de respect et de sagesse. Pendant des années, tout le monde n’y a vu que du feu.
Jusqu’au jour où je rentre de vacances, je m’installe à mon bureau dans l’open space et là PANIQUE TOTALE. Je vois un cahier avec écrit au feutre en énorme « Mon cahier génial » avec des coeurs partout. Choc mental fatal : il s’agissait de… MON JOURNAL INTIME DE QUAND J’AVAIS 16 ANS.
Prise d’effroi je m’exclame alors :
– Whaaaat ? Mais qu’est-ce que ça fait là ça ??!
Et là sans le savoir j’ai réussi à aggraver mon cas et à me griller encore plus. Les mecs écarquillent tous les yeux et me répondent à l’unisson :
– Attends mais c’est à toi ce journal intime ? Pas possible on a passé 2 semaines à se demander et c’était tellement ridicule que ça ne pouvait pas être toi. Wouaaaa c’est chaud.
Alors ce cahier top secret, comment s’était-il retrouvé sur le bureau d’un de mes salariés ? Dans ma grande intelligence adolescente, afin de semer l’ennemi, j’avais écrit à l’arrière de mon cahier, histoire d’être sure que personne ne le découvrirait. Sauf que huit ans après, évidemment, j’avais oublié jusqu’à l’existence même de ce carnet de la honte, et en fait ça faisait six mois que quelqu’un écrivait dedans au bureau oklm, jusqu’au jour où il est tombé sur une page écrite, et toute une série jusqu’à la fin du cahier.
Je vous laisse vous rappeler le genre de conneries que vous pouviez écrire à 16 ans dans votre journal intime pour compatir avec le degré de honte maximum que j’ai ressenti ce jour là.
Moralité : arrête de faire des économies de bouts de chandelles et va chez Office Dépôt t’acheter des cahiers comme tout le monde.
2/ Une dame très décomplexée du handicap-washing.
On avait signé un partenariat avec un grand groupe qui nous avait invités à assister à un entrainement de je ne sais plus quel évènement sportif (coupe du monde peut-être) dans leur tribune privée au Stade de France, mais malheureusement j’avais un autre rdv en même temps impossible à décaler. Je proposai donc que quelqu’un d’autre de mon équipe y assiste à ma place.
Et notre interlocutrice insistait :
– Non mais c’est vraiment important que ce soit vous Charlotte parce qu’on voudrait faire une photo !
– Oui mais impossible de me libérer désolée, vous pouvez faire la photo avec mon associé c’est pareil !
– Bah non c’est pas pareil…
Mais je ne suis pas née de la dernière pluie ma bonne dame et je commence à voir où vous voulez en venir, alors j’insiste, et j’essaie de la prendre à son propre jeu.
– Ah bon ? Mais pourquoi ce n’est pas pareil ?
– Bah y’aura pas le fauteuil… Pour les photos c’est mieux !
En vrai j’ai manqué de m’étouffer qu’elle soit aussi sans gêne. Mais j’ai gardé mon calme et j’ai été aussi cynique qu’elle :
– Ah mais si c’est QUE ça aucun problème ! On a qu’à demander à un stagiaire de se mettre dans un faux fauteuil juste pour la photo !
Je pensais que je lui avais cloué son vieux caquet mais PAS DU TOUT ! LA MEUF CONTINUE !
– Ah mais carrément ! Super idée ça vous croyez qu’il accepterait ? Oh ce serait vraiment super ça !
BAH ÉVIDEMENT QUE NON GROGNASSE ! Mais t’es sérieuse ??
3/ Avoir dû virer des supers gars parce qu’on n’avait plus d’argent.
Bon celle-là elle n’est pas drôle mais ça fait partie de la réalité d’entrepreneur… On avait réussi à lever des fonds, et comme dans les médias on ne valorise les startups que quand elles lèvent, on s’était cru un peu arrivés et protégés je pense, et on a recruté toute une dream team. En vrai c’était ouf. Bête d’ambiance, mecs en or, que du bonheur. Sauf que malheureusement l’argent n’entrait pas aussi vite qu’il sortait, et nos investisseurs ont fini par tousser et nous rappeler la dure réalité de la vie : il fallait faire des économies en urgence. Et comme on ne dépensait rien (même pas des fournitures de bureau je vous le rappelle) hormis les salaires, on a dû réduire l’équipe et demander à trois mecs super de partir.
Horrible, en vrai, un brise coeur.
Mais la bonne nouvelle c’est que personne n’est parti fâché, et même des années après, on continuait de se retrouver pour boire des coups.
LE TOP DU MEILLEUR ⭐️
1/ J’ai rencontré le Père Noël, il existe vraiment.
Ça c’est pépite. Un jour on reçoit un mail sur la boite générale : « Bonjour, bravo pour ce que vous faites, j’aimerais vous aider, dites-moi comment. » Sympa, mais j’avoue que comme on recevait beaucoup de messages, ça passe un peu à la trappe. Et il renvoie un message, alors la personne qui lit les mails m’alerte et me dit « En vrai ça vaut peut-être le coup que tu le rappelles quand même, on sait jamais…« .
Je prends donc mon téléphone sans trop y croire et là, stupeur :
– Avec des amis, quand j’étais jeune, nous avions créé une association pour aider les projets en lien avec le Handicap, et aujourd’hui nous sommes tous proches de la retraite, et nous avons encore de l’argent sur le compte de l’association. J’aimerais pouvoir aider votre entreprise. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
À cette époque, on se disait que ça serait pas mal si on avait des voitures aménagées en propre, parce que certes, le principe de Wheeliz est 100 % collaboratif, mais parfois, on avait besoin d’avoir une voiture à nous pour servir de véhicule de remplacement, et dépanner les situations imprévues.
Je tente alors :
– Bah écoutez, ça serait chouette qu’on puisse faire l’acquisition d’une voiture aménagée.
– Aucun problème. Je vous laisse regarder ce qui vous ferait plaisir, vous me donnez le modèle, et je vous l’offre.
Je fais alors ma petite étude de marché, et à l’époque, une voiture aménagée comme celle qu’on voulait acheter, ça coûtait dans les 30 000 €. Et je m’étais dit que pour pas abuser non plus on allait prendre une voiture d’occasion sur Leboncoin ça ferait l’affaire. Je lui fais part de ma stratégie, et il me dit :
– Non non non, prenez une voiture neuve, on a les moyens.
Et là je me dis : mais avec le prix d’une voiture neuve, on pourrait acheter deux voitures d’occasion ! 💡 Alors je reviens vers lui encore une fois, et je lui dis « Bah écoutez on va prendre deux voitures d’occasion comme ça on pourra dépanner deux fois plus de gens ! »
– Non non non, prenez en deux neuves ! Ce sera mieux, je vous assure.
On tombe tous des nues au bureau, et on se dit qu’on est vraiment tombé sur le Père Noël. Et là quelqu’un balance dans l’open space : « Vas-y tente, dis lui qu’on prend quatre occasions ! » 😂
Je vous rassure, on n’est pas allé jusque-là. Mais grâce a ce monsieur improbable et très généreux, on a eu deux super cadeaux.
2/ Les clients les plus sympas du monde.
Chez Wheeliz le téléphone sonnait tout le temps. Et les personnes à l’autre bout du fil chez nous se sont succédées avec les années : d’abord Gaspard-de-Wheeliz, puis Paul-de-Wheeliz (le fameux !), et Alain-de-Wheeliz, et toutes ont fait le même constat : c’était la meilleure boite pour faire du service clients parce que tous nos utilisateurs étaient toujours trop sympas au téléphone ! Jamais de râleurs grognons aigris qui nous parlaient mal, que du love et des gens compréhensifs. Et ça, ça donne envie de se lever le matin !
3/ Avoir serré la pince de Macron et Hollande (il a la peau si douce) à l’Élysée.
Bon là j’avoue je fais un peu ma groupie, mais je dois reconnaitre que c’était quand même assez unique comme expérience, et je vais pas faire genre. Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour ça arriverait, mais j’ai eu la chance d’être invitée trois fois à l’Elysée. Deux fois dans le cadre de la Conférence Nationale du Handicap sous Hollande et Macron, et une fois invitée par Brigitte à déjeuner pour la Journée des droits des femmes.
L’occasion de me rendre compte que François avait les mains DIABLEMENT DOUCES omg, et de découvrir qu’India avait un clone canin présidentiel.