En déménageant, j’ai également dû trouver un nouveau moyen de locomotion pour me rendre au travail.
Et c’est ainsi que ma route a croisé celle de la PAM.
Bienheureux ceux qui n’ont jamais entendu cet étrange acronyme – qui soit dit en passant ne transpire pas la limpidité, car je n’avais pas la moindre idée de ce que ça pouvait bien vouloir dire avant de chercher sur Google. Une petite idée ? Non ? « Pour Aider à la Mobilité ». Ouais. Simple. Clair. Efficace. Le mec en charge de trouver le nom était clairement inspiré et animé par un élan créatif puissant.
Au final, ça me donne l’impression d’avoir une bonne copine, Pamela, c’est cool. Mais je m’égare.
Qu’est-ce que la PAM ?
Pour la faire courte : c’est la crise ? vous êtes en fauteuil ? malgré tout vous avez réussi à trouver du travail ? Ne vous inquiétez pas, la PAM est là pour vous faire perdre votre job !
Vous l’aurez deviné : il s’agit d’une entreprise de transport avec des véhicules adaptés pour les personnes en fauteuil.
Bon, il faut reconnaître que la PAM a quand même de vrais super atouts. C’est subventionné par la ville de Paris, donc les prix sont vraiment raisonnables, et il y a pas mal de véhicules, donc au final, on peut avoir un transport quasi quand on veut.
J’ai bien dit QUASI.
Mais avant de revenir sur ce point, j’aimerais débattre avec vous d’une question qui vraiment, reste insolvable pour moi.
POURQUOI, Ô POURQUOI quand on doit transporter des personnes à mobilité réduite, les mecs se sentent obligés de RAJOUTER DES DESSINS POUR LES DEBILES sur leur camionnette ? Pourquoi ?!
C’est déjà suffisamment embarrassant de sortir de l’arrière d’une fourgonnette devant ses collègues, pour qu’en plus, on nous rajoute des dessins super ridicules sur le côté du véhicule ! C’est quoi le concept derrière ? Susciter la sympathie ? Sous-entendre la joie de vivre ? Même pour le chauffeur, sérieux, un peu de respect, moi j’aimerais pas rouler toute la journée dans une camionnette avec un soleil qui sourit sur la porte ! Mais bon, il y a peut-être une subtilité qui m’échappe encore, une explication rationnelle et sémiotiquement complexe que je n’aurais pas saisi.
Juste, si un jour je deviens grande directrice quelque part, il faudra trouver une solution pour éviter ce genre de situation un peu embarrassante :
Mais bon, on n’en est pas encore là.
Revenons donc à nos moutons, et à l’histoire du QUASI.
La PAM possède la particularité suivante : c’est un transport aux horaires surprises ! D’où la petite blague sur « perdre son job ». Un véhicule est bien prévu pour vous accompagner. MAIS QUAND? telle est la question. Il m’a fallu du temps pour comprendre quel horaire indiquer pour véritablement avoir une voiture à l’heure souhaitée.
Exemple : vous souhaitez partir à 9h le matin ? Vous avez une réunion à laquelle vous ne pouvez pas arriver en retard ? Pas de problème, rendez-vous dans la rue entre 7h30 et 11h. Le reste ça dépend : de la circulation, de la météo, de l’actualité politique, de l’humeur et du talent du chauffeur, et de votre signe astrologique. EASY. Un bon vieil algorithme, et vous serez à l’heure !
Sinon, vous pouvez vous entraîner en jouant à Paper Toss sur iPhone : le jeu où en fonction de l’intensité du vent il faut marquer dans la corbeille à papier. C’est la même chose !
Ainsi l’autre jour, pour un retour prévu à 19h, j’ai eu la bonne surprise d’un coup de fil à 16h30 m’indiquant que « mon chauffeur était sur place, certes un peu en avance ». Ah. OK. Donc apparemment, je suis restée coincée dans l’espace-temps des sorties d’écoles des CP/CE1. Cool !!
L’autre particularité de la PAM, qui adore toujours les surprises, c’est les chauffeurs.
Alors là, accrochez-vous, parce qu’il y a vraiment DES PHENOMENES HORS CATEGORIE !
Le bon côté, c’est qu’il y a tellement de chauffeurs que la probabilité que vous tombiez deux fois sur le même est quand même super mince. Le mauvais côté du coup, c’est que quand vous tombez sur un chauffeur super sympa (ça arrive, soyons honnête, et c’est super chouette) c’est le même schéma.
C’est ainsi, que j’ai eu la chance de tomber sur des chauffeurs… disons… originaux.
La semaine dernière, après avoir poireauté 45 minutes dans le froid, un charmant jeune-homme sort de sa camionnette, et s’étonne ainsi : « Ca va ? Vous avez l’air un peu énervée… » (NAN, TU CROIS ?)
Il démarre, et me demande : « Vous voulez de la musique ? » « Oui ok si vous voulez », il met la radio (jusque là tout va bien) et là… IL MET DES BOULES QUIES. Genre, des vraies Boules Quies qu’il sort de son petit étui, et qu’il s’enfonce dans les oreilles. Bonne ambiance. Au moins là, t’es sur que si jamais j’ai la malheureuse idée de vouloir communiquer, tu m’entendras pas. Idem pour les voitures qui klaxonnent, tant qu’on y est. Sinon j’ai un masque occultant si tu veux dans mon sac, ça peut aussi être pas mal si tu veux veux avoir un sommeil réparateur en conduisant, c’est comme tu veux, dis-moi.
Deuxième champion, le chauffeur muet, qui ne met pas de musique, qui ne dit pas un mot. Tu t’habitues tant bien que mal au silence et à la solitude dans le coffre, quand soudain, le fourbe s’écrit en passant devant une pharmacie : « AH MAIS C’EST CA QU’IL ME FAUT !! ». Surprise, au bord de l’arrêt cardiaque, je lève la tête, j’essaie de comprendre les seules paroles que nous échangerons, et là, miséricorde, je vois un panneau « Solution pour les mycoses sévères des pieds ». Je vous jure. Je n’aurais même pas pu l’inventer tellement c’était incroyable. Un moment rare. Précieux. Priceless.
Troisième champion, le mec qui râle dès qu’on croise une voiture. Et le matin dans Paris, en général, t’en croises un paquet de voitures. Et vas-y que je soupire. Et vas-y que je me plains « Olalala ». « Olalalala mais c’est pas vrai. » « Pffff mais c’est pas possible ». Etc. etc. pour finalement me lâcher : « Hey, mademoiselle, votre bureau là, c’est trop loin hein ! Moi j’ai pas de temps à perdre ». Et tranquillou, il se gare, et IL ME FAIT DESCENDRE PAS DU TOUT DEVANT MON BUREAU, dans un endroit inconnu, avant de partir en disant : « Continuez la rue tout au bout là, et après à gauche ».
Euh… Plait-il ?
Et enfin, mon dernier chouchou. Celui qui m’a convaincu qu’il fallait absolument partager avec vous ces aventures incroyables tellement je m’émerveille à chaque instant. « Vous bossez dans quoi ? » « La pub. » « Ah c’est cool ça ! Parce que je cherche à pécho de la coke ! Vous pouvez peut-être m’aider ? » « Oui ! Bien sûr ! Tiens ! Tu peux me déposer là, juste ici, avant ? Je vais y aller à pieds finalement. Après tout, j’ai l’habitude. Merci ! »
Je suis bien consciente que je risque de finir placardée dans leur bureau de la manière suivante, avec une rançon exorbitante pour le premier chauffeur qui ne me ramènera pas chez moi.
Loin de moi l’idée d’être une horrible personne qui se plaint pour se plaindre. Le vrai problème derrière cette petite présentation toute en légèreté, c’est qu’en fait, on ne me laisse pas le choix. Il faut bien aller bosser, et faute de transports en commun, c’est la seule entreprise qui offre des prestations à des prix abordables. C’est déjà un bon début. Mais sérieux les mecs…
Ah désolée, je dois vous laisser un peu abruptement, il est 15h14, mon chauffeur arrive à 19h30 il est déjà en bas !
See you !
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