Je rêvais depuis bien longtemps d’Istanbul, et beaucoup m’avaient prévenu de la galère à venir (ça monte, ça descend, tout est pavé, il y a beaucoup de marches, bref, une bonne vieille ville comme on les aime !)
Qu’à cela ne tienne, cette destination m’attirait beaucoup trop pour ne pas tenter l’aventure cet été !
Mais plutôt que de vous parler de mon voyage en soi (finalement bons nombres de lieux touristiques ont été aménagés c’était une très bonne surprise, et le tramway est parfaitement accessible !), j’aimerais tout particulièrement partager une anecdote : s’infiltrer dans une mosquée en fauteuil roulant !
Oui, on n’y pense pas, mais c’est toute une mission.
Je l’ai appris à mes dépends lors de précédents voyages où je me suis vue chassée à grand coup d’aspirateur, mais un fauteuil roulant pose un léger problème pour entrer dans une mosquée : la propreté des roues.
Au début, je pensais naïvement me contenter de faire comme tout le monde, et enlever mes chaussures à l’entrée, y aller incognito d’un pas pur et assuré.
C’est là que le bât blesse.
Ce n’était pas mes chaussures qui posaient problème, mais les roues de mon fauteuil. Légèrement problématique…
Pendant des années, je me suis donc contentée de profiter des cours des mosquées, mais sans jamais avoir pu en découvrir l’intérieur.
Seulement, aller à Istanbul sans voir l’intérieur de la mosquée bleue, ça serait comme se priver de macarons à Paris… QUEL DOMMAGE !
J’ai donc imaginé un million de solutions pour feinter.
Nettoyer consciencieusement mes roues au tuyau d’arrosage (mais je ne me voyais pas demander en turc aux gardiens où trouver un tel outil, ça aurait eu l’air suspect…).
Ou bien inventer les premières chaussettes pour roues (mais les gens dans mon entourage me lançaient un drôle de regard quand j’évoquais ce projet).
En vain.
Je me suis donc pointée devant la mosquée bleue sans idée révolutionnaire, prête à tenter le coup l’air de rien (« Comment ça je n’ai pas le droit d’entrer !? En êtes vous bien sur ? Ca alors ! Je suis outrée Monsieur ! Outrée ! »), et me faire rembarrer, comme d’habitude.
Ça n’a pas loupé. Passage en mode yeux de bébé chat, lèvres tremblantes, œil humide…
Rien. Wallou. Niet.
Au bout de 10 minutes, le garde va me chercher un autre fauteuil manuel. Je le regarde d’un air sceptique. Impossible pour moi d’aller dans ce fauteuil immense où on aurait pu mettre 10 personnes assises côtes à côtes, absolument pas tenue je me serais lamentablement étalée parterre en approximativement 5 secondes. Et me prendre la tête pendant trois plombes pour me proposer une alternative quasi identique, MERCI.
Au lieu d’argumenter pendant cent ans, et de me laisser repartir bredouille, il a alors dégainé de sa poche UN GROS ROULEAU DE SCOTCH. J’ai cru l’espace de trente seconde qu’il allait me bâillonner, en mode « arrête de me saouler avec tes vieilles roues, shut the fuck up ! ».
J’ai eu peur. J’ai tremblé.
Mais non, pas du tout, ce mec était un véritable génie ! Il s’est accroupi et a tout simplement scotché mes roues pour créer une petite protection !
La fameuse chaussette magique dont j’avais tant rêvé, mais en vachement plus simple !
Youpi ! A moi les mosquées !
Autant vous dire que maintenant, je ne me promène jamais sans mon bon gros rouleau de chatterton !
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