L’année dernière, pour la première fois, j’ai décidé de prendre l’avion avec mon fauteuil électrique.
D’habitude lorsque je voyage loin, je prends un fauteuil manuel pour deux raisons : je ne sais pas si ce sera accessible, et le fauteuil est tellement léger qu’on peut le porter partout, donc pas de problème ET dans l’avion c’est plus simple, parce que voyager en avion quand on est en fauteuil c’est… long. Et bien bien galère.
Mais là je partais seulement avec une copine, et je me suis dit qu’elle allait mourir si elle devait me pousser toute la journée toute seule. Donc on s’est lancé, on a bravé toutes les autorités aériennes direction la Floride !
Etape 1 : le voyage en avion
Pour ceux d’entre vous qui se demandent comment on voyage en avion avec un fauteuil, et bien ce n’est pas aussi simple que vous l’imaginez !
On n’a pas le droit de rester dans son fauteuil dans la cabine on doit être transféré sur un siège d’avion normal (Jean Michel Malinstallé Bonjour !) et le fauteuil part en soute. PRATIQUE. Surtout au moment de l’arrivée, c’est le moment de prier pour pas qu’il parte sur le tapis à bagages, sinon c’est la merde. Bah oui, comment tu te téléportes jusque là-bas sans fauteuil ? Donc en général, avec un fauteuil manuel tout léger, c’est relativement faisable, il suffit d’aller jusqu’à l’avion, et une fois installée, un mec de l’aéroport descend le fauteuil par l’escalier de secours extérieur et le jette dans la soute en 2-2. Mais ça c’est pas possible avec un fauteuil électrique.
Alors comment on fait ?
J’ai cherché des heures sur Internet, et je n’ai rien trouvé à part cette vidéo qui ne m’a pas franchement rassurée…
J’ai appelé mon vendeur de fauteuil en me disant qu’il devait avoir déjà vu quelqu’un voyager avec son fauteuil en avion, et il m’a conseillé de me faire fabriquer un caisse en bois pour le fauteuil.
En vrai j’ai eu la flemme de chercher un menuisier, vous vous en doutez, donc je me suis dit que tant pis, YOLO.
DONC déjà il faut prévenir la compagnie aérienne vachement en avance. Ils posent plein de questions sur la taille du fauteuil (Air France en l’occurrence, je ne suis pas sure de m’aventurer ailleurs vu la galère), le type de batterie (sèches ou liquides ? #hahaha aucune idée) etc. Là franchement je vous conseille de répondre ce qui leur fait plaisir (donc sèches) même si c’est pas vrai. De toutes façons personne n’ira vérifier, parce que personne n’y connait rien.
Et le jour J direction l’enregistrement des bagages. Et c’est là que c’est drôle, parce que PERSONNE ne sait comment ça se passe. J’étais super stressée, parce que mon fauteuil est très lourd et super fragile, donc hors de question de le soulever et de le coucher par exemple.
Du coup je demandais à tout le monde « Comment ils vont faire pour le mettre dans la soute ? » Réponse : « Ne vous inquiétez pas ils ont l’habitude ». « Ok mais comment ?? » « Ne vous inquiétez pas ils ont l’habitude »
AH BAH MERCI ME VOILA RASSURÉE.
Et là y’a quand même un mec qui m’a dit qu’ils allaient le coucher sur le tapis roulant des bagages pour le scanner ! WHAAT ?? Mais non !!
Donc on a décidé d’être super vigilantes, et de tout démonter avant qu’ils l’embarquent. On démonte le boitier et on l’emballe dans une chaussette qu’on met dans un sac à dos, on enlève l’appuie-tête, on emballe l’électronique dans du papier bulle avec du scotch, on replit les cale-pieds avec des tendeurs etc. En vrai, la deuxième fois j’étais plus détendue, je ne l’ai pas bien fait, et ça n’a pas loupé… Cassé. Donc on passe un peu pour des folles, mais ça vaut le coup.
Donc on laisse le fauteuil électrique là, et on va jusqu’à la porte d’embarquement avec le manuel.
Et là, petit fauteuil chéri disparait poussé par un mec qui sue sang et eau. J’ai envie de pleurer en lui disant au revoir, j’ai trop peur qu’il lui arrive quelque chose et que mon voyage soit foutu, mais je pense au ciel bleu de Miami et je me redis YOLO.
Je ne sais pas comment ils ont fait, et entre nous, je crois vraiment que je ne préfère pas savoir ! Je risquerai de faire un arrêt cardiaque en revoyant les images à mon avis.
Retransfert sur un siège d’avion où je suis trop mal installée pendant 9h30, restress pour le fauteuil manuel qui redescend en soute.
Bref, franchement, un jour je m’attaquerai vraiment à ce sujet de voyage en avion parce qu’au nom du remplissage maximal on met les personnes en situation de handicap dans des positions franchement dangereuses et galères, je ne comprends pas pourquoi on ne pourrait pas juste enlever un siège et laisser la personne dans son fauteuil !
Mais bref. Ciel Bleu. Miami. Yolo.
(Inutile de vous préciser qu’il n’y avait évidemment pas d’escale, sinon je n’aurais probablement pas survécu).
Etape 2 : Arrivée à Miami
Restress pour la fauteuil manuel qui doit remonter à la porte.
Retransfert.
Et direction les bagages « hors format » pour récupérer l’électrique.
Et là VICTOIRE ! Il était là en un seul morceau. On a tout déballé, tout rebranché, et tout fonctionnait ! Trop heureuse, je me rassieds dessus, et là… petit détail auquel on n’avait pas pensé… Le fauteuil était gelé !! Il devait faire -20°C dans la soute, je me suis littéralement pelée le cul, mais on s’en foutait, parce qu’on était arrivées !
Et là j’ai découvert la Floride, et à quel point tout était accessible et ça a été un vrai choc. Pourtant j’ai déjà pas mal voyagé, y compris aux USA (New York, Cote Ouest etc.) mais là c’est la première fois que j’étais à ce point choquée par la bonne accessibilité ! Pas une marche, jamais nulle part ! A tel point que ça m’énervait presque, alors on choisissait exprès des endroits où on se disait « Vas-y là à mon avis ça va être galère ! viens on teste ! » et non. Raté. Encore accessible. C’était vraiment ouf !
Et même les gens ! Souvent en France quand une personne en fauteuil entre dans un resto accompagnée par une autre personne, les gens ont le réflexe de s’adresser d’abord et surtout à l’accompagnateur « une table pour deux ? ». Et là les gens me parlaient à moi systématiquement, et ça m’a fait vraiment bizarre.
Et même à Disneyland à Orlando, dans chaque manège, y’a un wagon spécialement aménagé pour qu’une personne en fauteuil puisse monter dans le manège avec son fauteuil !
Et évidemment, quand on est considéré comme tout le monde, et bah on fait la queue, pendant des heures.
Mais en fait c’est ça une société vraiment inclusive. C’est aussi faire la queue. Comme tout le monde.
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