En France, on n’a pas de travail mais on a des idées !

L’autre jour, j’étais convoquée chez Pole Emploi, et j’avais vraiment la flemme d’y aller. Mais c’est le genre de rendez-vous auquel si on va pas on est radié à vie blablabla, donc je me suis fait violence et j’y suis allée malgré tout.

Ca fait trois fois qu’ils me convoquent pour me dire « On va faire un point sur votre recherche d’emploi » et que je dois leur dire « Non mais en fait je suis en création d’entreprise, donc ça sert à rien », et qu’ils sont bien embarrassés. La dernière fois, la nana m’avait carrément dit « Ah bah moi j’avais prévu 40 minutes avec vous… Donc si vous voulez je vais vous montrer comment fonctionne notre site internet ? » « Euh… NON ».

Bref, j’y vais et arrive devant le bâtiment, j’ouvre la porte et là je tombe sur 5 marches avant d’entrer dans l’immeuble, mais pas de panique, il y avait une plateforme électrique sur le côté. Ce genre de plateforme là.

Pour ceux d’entre vous qui se demandent si ce genre de plateforme est cool, je vais faire une petite parenthèse – la réponse est simple : NON. C’est une torture. Ca met 3 plombes, ça fait un bruit d’enfer, ça ne marche jamais, et ça donne l’impression d’être dans un vieux manège en mode Aladdin et le Tapis Volant, mais en version Allemagne de l’Est. Donc si vous voulez faire des travaux d’accessibilité oubliez, et mettez une rampe par pitié ! Ca coute moins cher, ça ne tombe jamais en panne, et c’est beaucoup plus cool.

Fin de la parenthèse.

J’appelle donc le chef de la sécurité (parce qu’en plus on ne peut pas l’utiliser seul) qui avait les clés de l’engin. Bingo, il ne savait pas s’en servir, bidouille tous les boutons à la limite de l’indécence, mais je finis par achever mon ascension sans encombres, et vais à la rencontre de mon conseiller.

« Alors on va faire un point sur votre recherche d’emploi… »

« Je vous arrête tout de suite, je suis en création d’entreprise. »

« Ah bon ? Ah bah c’est pas écrit dans votre dossier ! Dans ce cas c’était pas la peine de venir ! Vous pouvez rentrer chez vous, on vous embêtera plus. »

Ok… super utile, merci.

Je repars.

Et là, ÉVIDEMMENT, le monte-escaliers tombe en panne, alors que je suis en haut des marches.

Le mec de la sécurité appuie à nouveau sur tous les boutons. Au bout de 20 minutes, je m’impatiente, et je lui dis : « Je crois que c’est cassé là, y’a pas un plan B ? »

« Mais non c’est pas cassé ! Ca va marcher ! », et il réappuie encore et encore.

Ca a duré 40 minutes, et je commençais vraiment à avoir envie de partir. Il va chercher tous ses collègues, ils essaient tous tour à tour d’appuyer sur les boutons, ça prend mille ans, ça marche pas, je m’énerve.

« BON les gars, faudrait penser à trouver une solution là. Votre truc il marche pas, on va pas y passer la journée, qu’est-ce qu’on fait ? »

« On va vous porter »

« Non. C’est mort. » (Pour ceux qui ne le savent pas déjà c’est vraiment impossible de porter mon fauteuil, c’est pas juste un caprice de relou, mais c’est pas du tout fait pour ça, ça l’abime et ça pèse une tonne).

On décide d’appeler les pompiers.

Leur réponse ne se fit pas attendre « Transporter des objets lourds ne fait pas partie de notre périmètre d’intervention ».

AAAH BAH CA FAIT PLAISIR ! L’OBJET LOURD VOUS REMERCIE.

Donc on était là à faire un sitting, genre, ON FAIT QUOI ?

« Et si on appelait le réparateur ? »

« Oula il est à 80km d’ici, il viendra pas avant 2 jours ! »

Bon, donc une autre solution. A tout hasard je tente : « Y’a pas une autre issue ? »

« Ah bah si y’en avait une, mais on s’en servait pas donc on l’a fait condamner, on a muré la porte ».

J’ai failli m’étrangler. Qui mure une issue de secours parce qu’on ne s’en sert pas ? Sérieusement ? A quoi ça sert ?!

J’imagine trop la réunion : « Bon les gars on a trop d’argent à dépenser là, on va faire des travaux pour écouler tout ça ! Isoler les fenêtres ? Mettre la clim ? Refaire la toiture ? Non je sais ! On va boucher cette porte LA ! Elle me plait pas trop ».

Bref ça tournait vraiment en rond et on ne savait plus du tout quoi faire.

Et là, idée de génie, un des 12 collègues présents, se lève, et dit « j’ai une idée ! ».

Il s’en va en nous laissant dans le suspens le plus total, et revient avec une porte de WC et un grand sourire. Genre le mec était allé dégonder la porte des toilettes. Je vais le réécrire en lettres capitales, parce que c’est quand même super fat. LE MEC ÉTAIT ALLÉ DÉGONDER LA PORTE DES TOILETTES.

On le regarde un peu sceptique, en se demandant ce qu’il pouvait bien faire avec ça. Et il la pose sur les marches. Une rampe. Avec la porte des chiottes. 

J’avoue dans l’absolu c’était plutôt une bonne idée. Mais en vrai, JAMAIS.

J’étais un peu gênée de lui dire, « Merci mec, mais je crois pas que ça va marcher ». Mais j’avais pas du tout envie de mourir dans le hall de Pole Emploi, donc j’ai malheureusement dû y venir, à grand renfort d’arguments techniques puissants.

1/ « Le truc c’est que la porte va craquer sous le poids du fauteuil ».

=> Contre argument immédiat, il monte sur la porte et se met à sautiller pour tester la résistance.

2/ « Oui mais je pèse plus lourd en tout. »

=> « Gérard, vient avec moi ! »

Et les deux collègues étaient en train de sautiller sur la porte des toilettes qui couinait.

Mais c’était pas du tout du tout concluant, ils s’en sont bien aperçus !

Du coup, on s’est mis en tête de consolider les vides entre les marches et la porte. Avec quoi ? Des ramettes de papier ! Donc tout le monde était à quatre pattes dans les escaliers en train de faire glisser du papier A4 pastel pour faire résistance. 

Mais comme vous le constatez à ma tête, plus on bidouillait cette pauvre porte, moins j’avais envie de monter dessus. Je ne le sentais pas du tout du tout, c’était vachement raide, super glissant, trop dangereux. Bref ça le faisait pas.

Ca faisait plus d’une heure que j’étais coincée en haut, et tout ça à cause d’un RDV auquel ce n’était même pas la peine que je me rende. Alors j’ai insisté :

« Bon écoutez, on va rappeler les pompiers. Si vous voulez je fais un malaise, comme ça ils auront une bonne raison de venir ». 

On les a rappelés et miracle, ils sont arrivés en moins de 3 minutes ! Sauf que ma voiture gênait, du coup j’ai du demander à la personne qui m’accompagnait de la déplacer, le temps que je descende ces 5 fichues marches.

Ils ont déboulé à 6, casque en main et sirène hurlante. Ca a pris 2 minutes, en deux temps trois mouvements j’étais en bas, un peu gênée de les avoir fait se déplacer pour « pas grand chose » comparé à un feu, mais en même temps il fallait bien que je sorte de là.

Donc voilà, ils m’ont porté, j’ai remercié les 12 mecs qui avaient tenté vraiment le tout pour le tout, je les ai supplié de mettre une vraie rampe, et je suis retournée à ma voiture QUI ENTRE TEMPS AVAIT ÉTÉ DÉCORÉE D’UN MAGNIFIQUE PV.

Et tout ça pour un RDV inutile !

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